La musique

Au risque de paraître banal, la musique est un élément essentiel de ma vie. Je travaille et écris souvent en musique, j’aime chanter, je vais depuis longtemps à des concerts divers (ayant été initialement bercé par une culture familiale classique).

Mes parents m’ont donné la chance de débuter très tôt le piano… Presque trop tôt d’ailleurs. Je me rappelle encore les fois où je me cachais derrière le buffet en voyant arriver l’une de mes professeurs ! Je ne suis pas sûr que l’apprentissage ait toujours été aisé, tant pour moi que pour mes précepteurs. En revanche, je ressens toujours une émotion particulière en repensant à l’une d’entre eux, la plus sévère (mais juste) qui utilisait des méthodes que l’on aurait pu qualifier d’archaïques : l’usage du crayon pour taper sur les doigts, la règle en fer pour obliger à se tenir droit, les répétitions inlassables des gammes – que je travaillais peu à la maison pour être honnête. Malgré une rigueur de fer, ni agressivité ni ressentiment pour cette dame qui aujourd’hui nous a quittés ; au contraire, simplement de la gratitude. Grâce à elle, j’ai enregistré les bases essentielles qui permettent de s’amuser. Un peu d’autorité ne fait pas de mal, même (et surtout) à des esprits vagabonds comme le mien – du moins en ce qui concerne la musique.

C’est aussi toujours amusant de se souvenir de certaines phrases prophétiques de certains de ses professeurs. À la fin d’un morceau – que j’avais enfin réussi à jouer d’une traite, la sentence est tombée comme une évidence : « Benjamin, ce que vous faites est intéressant, vous faites du Benjamin mais en rien du Beethoven ». J’ai donc dans mes gênes ce goût de l’insoumission relative alignée sur des mélodies qui sont pour moi la base de tout : la musique classique.

La pratique du solfège dans un conservatoire a aussi fait partie intégrante de la formation.

Il est encore aujourd’hui très important de mentionner combien l’apprentissage des bases est nécessaire pour ensuite pouvoir s’amuser avec une grande liberté et s’émanciper.

Après diverses déconvenues dont un ratage total lors d’une audition où j’ai abandonné mon piano au beau milieu de la partition, on aurait pu imaginer que je suivrais la voie de tous ceux qui s’arrêtent et décident de ne plus jamais poser les mains sur leur instrument, par peur d’un nouvel échec. Mais une phrase a toujours retenu mon attention :

« Benjamin, tu t’arrêtes quand tu le veux mais tu le regretteras »

Voilà sans doute la clé de tout. Se donner les moyens, ne pas s’arrêter à la moindre contradiction, insister, et ne pas regretter.

 

L’histoire de mes premières vraies compositions est une anecdote amusante quand j’y repense. J’avais eu la chance de faire jouer une de mes pièces de théâtre et l’expérience m’avait plu ; je me suis donc donné un autre défi. Écrire une comédie musicale… Nous étions en pleine période de Notre Dame de Paris ou Chance (comédie musicale peu diffusée et qui est pourtant un concentré de plaisir et de ritournelles entêtantes efficaces).

J’ai commencé le travail de la création du livret en m’essayant à la composition. Et les premières mélodies sont arrivées sans jamais que je cherche à créer quelque chose de singulier ou qui sorte de l’ordinaire. Non, au contraire, toutes mes compositions ont une volonté et un imaginaire consensuels.

Cette orientation créative est très simple à justifier : je suis grand public dans mes goûts. J’aime beaucoup de choses tant que cela répond à l’objectif donné – selon moi du moins : un bon morceau de pop doit me donner envie de le fredonner facilement, un bon morceau de house doit me donner envie de danser, un bon morceau de jazz / soul me donne au contraire envie de me poser dans un canapé avec un whisky (et je suis loin d’être un alcoolique), …

Mais je me suis vite rendu compte de l’évidence ; une comédie musicale était un projet trop ambitieux. Commençons plutôt par une étape préliminaire : le groupe.

J’ai donc assemblé une équipe de musiciens dont je ne connaissais que le guitariste (avec lequel j’avais fredonné quelques morceaux quand je vivais à New York pour une partie de mes études), le reste de la troupe… trouvé par relations ou via des annonces internet.

Finalement, à l’écoute de mes propositions de compositions, l’enthousiasme s’est créé autour d’un projet commun. Je n’ai jamais été intransigeant dans l’écriture de ma vision musicale, j’ai donc laissé la liberté aux instrumentistes de toujours apporter leur touche personnelle, ce qui a souvent amené à ce qu’un morceau de pop tranquille finisse sur scène avec des accents funks… L’objectif étant le consensus, le plaisir, mais aussi l’intuition que le résultat final pourrait plaire au plus grand nombre.

Depuis, je compose au gré des inspirations avec la frustration régulière de me retrouver avec des mélodies trop banales sans âmes. Mais quand la sensation d’une inspiration fructueuse se ressent, le plaisir est intense… Et le plaisir de le faire partager l’est tout autant.

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